En Belgique, chaque année, des personnes attendent un rein, un foie, un poumon, un cœur... Chaque année,
des malades – des receveurs – "revivent" grâce à un organe prélevé sur un donneur. Mais chaque année aussi,
d'autres décèdent faute d'avoir pu recevoir un organe indispensable pour eux : la pénurie d'organes constitue
un frein majeur aux transplantations.
Le don d'organe est un acte gratuit, solidaire et, généralement, anonyme.
Mais il existe aussi une possibilité de réaliser un tel don de
son vivant, pour des organes que nous possédons en
double, comme les reins, ou pour des parties d'organes
régénérables comme le foie.
Ces transplantations avec donneur vivant sont souvent
pratiquées entre des personnes proches (mari-femme, frère-sœur, parent-enfant).
Leurs résultats sont excellents.
Et pour accroître les possibilités, s'il y a un problème de
compatibilité entre un donneur et un receveur, il est
possible de trouver un autre couple donneur-receveur,
également incompatible, avec lequel un échange peut être
envisagé : par exemple le donneur du premier couple
donne un rein au receveur du second et vice-versa.
Feu orange : En Belgique, les transplantations réalisées à
partir de donneurs vivants sont inférieures à 10 %. Dans les pays scandinaves, elles représentent de 50 à 80
% des greffes réalisées.
Feu vert : Au moins 75 % des transplantés du foie, du coeur, des poumons vivent plus de 5 ans après la
greffe.
Briser la loi du silence
Depuis 1986, une loi réglemente les dons d'organes. Elle permet à chaque adulte de déclarer officiellement,
en remplissant un formulaire de consentement (2), qu'il accepte – ou qu'il refuse – le prélèvement d'organes
après sa mort.
Ce don est uniquement destiné à des fins thérapeutiques, c'est-à-dire qu'il doit être utilisé pour pratiquer des
greffes chez des malades pour lesquels il n'existe pas d'autre choix médical.
La loi belge repose sur le principe du "qui ne dit mot consent". Cela signifie qu'à moins d'avoir explicitement
déclaré un refus de don, la personne ne s'oppose pas à un prélèvement.
En pratique pourtant, lorsqu'un prélèvement d'organe s'avère médicalement envisageable (ce qui dépend de
l'âge, de l'état physique, etc., du donneur potentiel) et qu'il n'existe pas de déclaration préalable, les médecins
consultent la famille proche. Si celle-ci s'oppose au don, ils se rangent à son avis.
Selon une enquête de Test Santé, réalisée en 2009, 66 % des Belges sont d'accord pour donner leurs organes
après leur mort. Mais un grand nombre ne font pas de déclaration préalable et n'évoquent jamais leur volonté
autour d'eux : dans l'enquête, 6 personnes sur 10 ignoraient les intentions de leur partenaire à ce propos. Or
28 % se disaient prêtes à accepter un don au nom d'un proche sans en avoir parlé avec lui, mais 86 % le
feraient si elles avaient la certitude que la personne acceptait de donner ses organes. Il est donc utile de faire
connaître clairement sa volonté de donner ses organes en cas de décès inopiné.
Feu vert : Une application Facebook permet d'indiquer sa volonté d'être donneur d'organes.
Les obstacles au don
Des motifs religieux, culturels ou de méfiance à l'égard du corps médical sont généralement à l'origine des
refus de dons d'organes officiellement actés.
Lorsqu'une famille est approchée par un médecin afin de donner son accord à un prélèvement, sa souffrance
et sa détresse peuvent l'empêcher d'accepter cette décision, quitte parfois à le regretter par la suite. Mais les
organes sont fragiles, et ces décisions doivent malheureusement être prises dans l'urgence.
Il est également parfois difficile d'admettre qu'un proche est en état de mort cérébrale (son cerveau a été
atteint de manière grave et irréversible) alors qu'il "semble vivant" puisque des machines maintiennent sa
respiration, sa circulation sanguine et le fonctionnement des organes.
Feu vert : Aucune des trois grandes religions présentes en Belgique ne s'oppose au don d'organes.
La protection des donneurs
Les prélèvements d'organes ne sont réalisés qu'après le constat par 3 médecins d'une situation de mort
confirmée, en se fondant sur l'état le plus récent de la science.
Pour éviter toute "pression", aucun de ces médecins n'est impliqué dans une équipe de prélèvement ou de
transplantation.
Le prélèvement est considéré comme une intervention chirurgicale. Il est pratiqué dans les mêmes conditions
de respect de la personne. Il est entièrement pris en charge par la mutuelle.
Les demandes de greffes sont gérées par Eurotransplant, une ASBL qui associe plusieurs pays. En fonction
de critères éthiques et médicaux prédéfinis, des compatibilités médicales, de l'urgence et de la durée
d'inscription du receveur sur une liste d'attente, elle prévient les équipes de transplantation quand un organe
est disponible.